"La Pierre du Ciel" au château de Kolding, Danemark
22 janvier 2017 - 27 août 2017
2e partie
Intrigués par l'exposition des jades du Prince Henri de Danemark, nous avons décidé de faire spécialement le trajet jusqu'au Danemark pour la découvrir. Le château de Kolding (Koldinghus) prit feu en 1808. En 1890, des citoyens locaux prisent l'initiative de reconstruire le château pour en faire un musée. C'est en 1989, après une restauration exceptionnelle pratiquée par les architectes Inger et Johannes Exner, que la reine Margrethe II de Danemark en fit l'inauguration.
Or, nous ne sommes jamais sortis aussi perplexes d'une exposition.
Nous savions que le Prince Henri de Danemark, né à Talence en France, avait passé les toutes premières années de sa vie en Indochine et qu'il était amateur de jade. Nous savions également que sa collection de jade était présentée dans trois endroits différents : le Palais de Fredensborg (Danemark), le Palais d'Amalienborg (Danemark) et le Château de Cayx (France), et qu'à l'occasion de cette exposition une partie des pièces avait été rassemblée au château de Kolding (Danemark).
Pourquoi sommes-nous perplexes ? Parce que nous pensions que l'exposition des pièces du Prince Henri de Danemark permettrait de donner une présentation claire du jade au public, en lui expliquant notamment ce que le terme recouvrait, que ce soit son sens historique comme gemmologique.
L'exposition est plaisante, certes, d'autant que le château de Kolding (Koldinghus) est un endroit admirablement restauré qui permet une déambulation agréable.
Mais on a l'impression d'un entassement de pièces dont le nombre est bien plus important en nombre qu'en qualité.
Surtout, et bien entendu nous ne pouvons juger qu'après avoir regardé les pièces à travers une vitrine, il nous a semblé que la grande majorité des pièces n'étaient pas en jade. Pour ajouter à la confusion, hormis la seconde salle, qui présente des pièces en provenance du Musée National du Danemark (certaines pièces ne sont d'ailleurs pas en jade mais leur composition est indiquée), aucune indication de provenance et de composition n'apparaît.
Des panneaux explicatifs mentionnent bien les différences sortes de jade, jadéite et néphrite, mais sans que les pièces installées dans la vitrine au-dessus de ces panneaux ne correspondent à l'explication. Tous les matériaux sont mélangés, sans aucune explication.
On a l'impression que le Prince a voulu montrer le plus d'objets possibles, sans s'attacher à la qualité du "jade". Il dit d'ailleurs lui-même dans une vidéo qu'il achète parce que l'objet lui plaît, ce qui est une bonne raison que nous nous garderons de critiquer. Mais lorsqu'il s'agit de montrer des objets dans le cadre d'une exposition muséale, on s'attend à un peu plus de rigueur, notamment en ce qui concerne les commentaires : dans une vidéo, le Prince sort une statuette d'un carton et s'extasie sur ce bel objet en "jade" que l'on retrouve dans l'exposition. Or cette statuette ne semble pas être en jade, plus probablement en serpentine, que l'on trouve sous l'appellation commerciale de "China jade" ("jade chinois") en Asie, bien qu'il ne s'agisse pas de jade.
La pièce que le Prince sort du carton semble être celle que l'on retrouve dans la vitrine ci-dessous :
Enfin, on n'a aucune explication sur le jade traité (souvent teinté) alors que plusieurs spécimens de l'exposition sont un exemple criant de ce type de jade.
en haut, la pièce verte et violette présente des couleurs probablement dues à la teinture
De ce fait, étant donné que le public, que ce soit au Danemark ou ailleurs, a une idée souvent confuse et parfois erronée du jade, nous ne pouvons que regretter que cette exposition brouillonne, où de nombreuses pièces sont vendues en Asie comme du jade mais n'en sont pas, ne contribue à entretienir la confusion. A notre avis, il est probable que cette exposition n'aurait pu avoir lieu si le propriétaire des pièces n'avait pas été le Prince Henri de Danemark.
Nous tenons à remercier le personnel de Koldinghus pour son accueil chaleureux ainsi que Ms Nanna Ebert, Directrice de la Communication. Cette visite nous aura permis de découvrir un superbe château avec des salles très intéressantes, notamment celle présentant des pièces en argent exceptionnelles.
château de Kolding (Koldinhus), sud du Danemark
médailles et médaillés Danois des Jeux Olympiques de Pékin (2008) ; le jade utilisé pour la médaille d'or est du jade néphrite blanc, très rare
Dans cette vitrine, les médailles sont en jade, une néphrite blanche très rare. Mais la pièce suivante présente un ensemble de pièces dont bien peu semblent être en jade, la plupart étant dans d'autres matériaux moins "nobles".
le pendentif de droite, porté par le Prince sur l'affiche de l'exposition, est une très belle pièce en jade jadéite vert impérial du Myanmar